Contre les idées reçues sur l'argent de Facebook
Posted by Vincent Morin | Posted in business model, crise, networking |
Je me souviens encore de la vague de réactions qu'a suscité le rachat de 1% de Facebook par Microsoft. Cela ressemble un peu à la cash machine parfaite et la fortune, pour un homme, gagnée en très peu de temps.
240 millions de dollars offerts par Microsoft pour 1,6 % des parts, et un autre levée auprès de Li Ka Shing.
Au total : près de 500 millions de dollars en argent frais.
Rendez vous compte : un site dont le contenu est auto-produit par les internautes, donc en 2.0, un business model calé sur la pub avec une croissance exponentielle : le ciel est bleu pour le décollage vers le paradis parfait. Cela ressemble un peu à mon précédent billet sur les mythes et réalités du e-commerce.
Tous les patrons de sites bases exclusivement sur la publicité connaissent les coûts de fonctionnement liés à ce type de structure.
Mais pour tous les autres et le commun des mortels, les budgets demandés par Facebook pour son bon fonctionnement sont tout simplement imperceptibles.
Le deuxième effet Kiss-cool : la grosse claque des factures.
Facebook consomme de l'électricité... Un million de dollars par mois de facture d'électricité pour la maintenance des infrastructures. Et eux ne peuvent pas réduire leur facture en se servant d'ampoules basse consommation. Ce premier chiffre donne le tournis.
Pensez donc, 100 millions d'utilisateurs et près de 300.000 photos ajoutées chaque seconde... Il en faut, de la bande passante et de la capacité de stockage... Et côté facture, cela monte à plus de 500.000 dollars par mois encore une fois.
Rajoutez à cela environ 700 personnes pour maintenir le tout et assurer le bon fonctionnement, et vous obtenez un budget démentiel de près de ... 20 millions de dollars par mois.
Le chat qui se mort la queue.
Le principal écueil rencontré par les sites dont les revenus sont exclusivement sur la publicité se tient en ces termes : Générer une audience monétisable et maîtriser les coûts de développement.
Aux US, on a une expression pour cela : "Get Eyeballs". Le fait de gagner une audience est normalement synonyme de gagner du cash via la pub. Mais là, les choses se corsent.
Pour le cas de Facebook, les revenus affluent car les publicités sont de plus en plus présentes, mais en aucun cas ils ne peuvent suivre l'évolution des coûts de fonctionnement qui doublent chaque année car l'audience double elle aussi.
En France les prix augmentent sans cesse, mais pas les salaires, idem pour Facebook. Et l'écart ne cesse de se creuser.
A moins de transformer Facebook en panneau publicitaire géant clignotant dans tous les sens, la publicité ne sera pas le modèle viable pour rentabiliser l'ensemble. Tout le monde en était conscient dès le départ, mais le come-back à la réalité se fait particulièrement violent et rapide.
Autre point : Si la publicité est viable sur le web, c'est qu'elle déclenche des achats, et que ceux-ci sont mesurables en temps réel. Une frange de la population, dans certains pays, utilise copieusement le site mais ne se situe pas dans la cible des annonceurs, ou ont un pouvoir d'achat trop faible pour être intéressants. (Amérique Latine, certains pays de l'Est...)
Mais ces internautes coûtent tout autant à Facebook qu'un Londonien, CSP+ et cyber-acheteur en ligne...
Calculs simples :
Coûts de fonctionnements annuels de Facebook : 300 millions de dollars
Revenus récurrents (publicité) : 250 millions de dollars
Oups, il y a un trou. Mais Facebook possède encore un max de cash, pas vrai ?
Sur les 500 millions de dollars levés, il en a déjà brûlé la moitié.
L'année prochaine, le marché publicitaire sera plus tendu pour cause de crise financière et les investissements marketing peuvent se contracter un peu. En revanche, l'audience de Facebook continuera à se développer, et les coûts feront de même. D'autant plus que les nouvelles applications sont très gourmandes en ressources : vidéos, applications mobiles, etc.
Need some Cash ?
Pour ne pas se retrouver dans le rouge, Facebook va devoir trouver des solutions.
Plusieurs pistes ont été évoquées :
- Introduction en bourse :
Le titre pourrait avoir une côte intéressante, mais la période financière n'est pas vraiment propice. A terme, cela pourrait être une situation salutaire mais temporaire, un peu comme si Facebook vendait ses meubles pour générer du cash.
A défaut, le site multiplie les levées de fonds, histoire d'assurer son bon fonctionnement sans perdre son indépendance. Si le site devenait lent ou plantait régulièrement, l'audience serait beaucoup moins disponible et la poule aux oeufs or ne pondrait plus.
- Rendre le site payant.
Grosse levée de boucliers en perspective. Viadeo a réussi son pari en devenant payant car plupart des internautes utilisant fortement le système sont passés à la version payante. Mais pour Facebook, c'est une autre histoire.
Le principe évoqué par le directeur financier :
- Moins de 200 amis : c'est gratuit
- Plus de 200 amis : 5 dollars par mois pour un accès sans limites.
Les conjectures:
Si 10 % des utilisateurs payent : c'est un joli pactole de 600 millions de dollars par an.
Si 5% des internautes payent : les frais de structure sont assurés (300 millions de dollars / an)
De plus, si Facebook continue sa croissance, l'audience payante serait elle aussi logiquement en augmentation et permettrait au site de perdurer.
De quoi garder tous ses amis. Ne dit-on pas que quand on aime, on ne compte pas ?
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